Commençons par une anecdote. Une jeune femme de 22 ans, garde de sécurité, se présente, aux Urgences de Palo-Alto tenaillée par d’atroces brulures vaginales. Sa détresse et ses hurlements de douleur rendent l’examen difficile et la situation semble d’autant plus incompréhensible que la patiente n’a jamais eu aucune douleur intime. La sagacité d’un Docteur House, viendra vite à bout de cette énigme : le contenu de sa bombe d’autodéfense, à base de capsaïcine, s’est répandu dans son sac au point d’imprégner le paquet de tampon hygiénique qui s’y trouvait. C’est du lait en application avec un spéculum qui finira par la calmer !
Qu’y a-t-il de commun entre cette bombe d’auto-défense, le piment et un patch contre la douleur ? Tous trois contiennent de la capsaïcine une molécule qui va venir titiller des récepteurs à la « chaleur douloureuse » et provoquer ce ressenti pénible. Cette famille de récepteurs, que l’on nomme « TRPV1 » ont valu à leur découvreur, l’Américain Davis Julius, le prix Nobel de médecine en 2021. Situés à l’extrémité des fibres nerveuses de petit diamètre et sensibles aux modifications thermiques et à la douleur, ces récepteurs s’activent donc en lors de brûlure au niveau de la peau ou, sur les muqueuses, en cas d’exposition au piment.
En appliquant une concentration très élevée de capsaïcine, les récepteurs cutanés de cette petite fibre nerveuse vont se retrouver saturés au point de ne plus pouvoir fonctionner pendant plusieurs semaines. Il s’agit d’une « désensibilisation à la douleur » qui peut persister jusqu’à trois mois. Cette manière de traiter « le mal par le mal » consiste à déposer, sur la région de la peau en proie aux sensations douloureuses, un patch durant une heure. Lors de l’application, le patient peut ressentir une sensation de cuisson, semblable à un coup de soleil.
Cette méthode est efficace, chaque fois que la douleur chronique est circonscrite à un territoire bien limité comme après un zona, autour d’une cicatrice ou d’un moignon d’amputation. Malheureusement ces emplâtres, Qutenza® en France, restent fort onéreux, il faut compter plus de deux cents euros pour un patch de 14x20cm ! Pour cette raison mais aussi parce que son maniement est délicat — il peut provoquer de grave brûlure oculaire lors de contact avec les yeux — cette thérapie n’est disponible qu’en hospitalisation de jour à condition que l’indication ait été validé par un médecin de la douleur.
Le principe actif de Qutenza® est la capsaïcine, composant responsable du piquant des piments 1. L’exposition à la capsaïcine entraîne tout d’abord une excitation des récepteurs à la douleur dont peuvent résulter une sensation de brûlure et une rougeur cutanée .
Les doses élevées de capsaïcine vont par la suite provoquer une désensibilisation des récepteurs de la douleur . Moins sensibles, les récepteurs ne transmettent plus les signaux douloureux au cerveau. Ce mécanisme est supposé être à l’origine du soulagement de la douleur .
Après l'admission en hôpital de jour et les formalités qui en découlent, le patient est installé dans une salle de consultation.
Avant d’appliquer Qutenza®, il peut recevoir un antalgique par voie orale ou la zone d’application peut être prétraitée par un anesthésique topique (en respectant les instructions d’utilisation du produit) afin de réduire la gêne liée à l’application.
Lors de la première séance, le médecin va dessiner les contours, selon les indications du patient, la région douloureuse concernée par l'application de patch.
Après la réalisation du contourage, le patch de Qutenza® sera ensuite appliqué et laissé en place pendant 30 min sur les pieds et 60min ailleurs
Les patients doivent être informés qu’ils peuvent éprouver une sensation de chaleur lors de l’application 1, comparable à une brûlure ressentie après un coup de soleil. Chez les patients présentant une douleur intense, le patch doit être retiré et la peau examinée pour s’assurer de l’absence de brûlure chimique.
Pour atténuer cette douleur, avant la pose de Qutenza®, le patient peut recevoir un antalgique par voie orale ou on appliquera un anesthésique topique en respectant les instructions d’utilisation du produit.
Cette douleur pourra être traitée pendant et après l’application par application d’une compresse froide et l’administration d’antalgiques oraux.
Le soulagement de la douleur a été observé dès la 1ère semaine lors des essais cliniques.
Si la douleur persiste passé un délai de 3 semaines, les patients doivent en informer le médecin prescripteur.
Une seule application d’un patch de Qutenza® peut soulager la douleur jusqu’à 3 mois.
Le patient doit continuer à prendre ses médicaments tels qu’ils ont été prescrits. En effet, Qutenza® ne donne lieu qu’à de faibles niveaux transitoires d’absorption systémique. Il peut donc être utilisé en association avec d’autres médicaments antidouleur.
Le patient ne doit pas modifier les traitements antidouleur qui lui ont été prescrits sans avis médical.
Les patients peuvent reprendre leurs activités quotidiennes normales dès le lendemain en prenant toutefois quelques précautions.
En effet, la zone traitée peut être sensible pendant quelques jours à la chaleur, à l’eau chaude de la douche et du bain, à la lumière directe du soleil, à un exercice physique intense...
Il est donc conseillé, tant que la zone traitée est sensible, notamment :
• de préférer un drap léger à une couverture chaude,
• d’utiliser uniquement de l’eau tiède pour le bain ou la douche,
• d’éviter d’exposer la zone traitée au soleil
(en la protégeant par un vêtement par exemple),
• de proscrire les exercices physiques intenses.
L’application de Qutenza® peut être répétée tous les 60 à 90 jours, si la douleur persiste ou apparaît de nouveau. L’application est possible à partir de 60 jours si nécessaire, après évaluation par le médecin.